Le Menu #43 : frais de port, agriculture urbaine et pain sans mie

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Bonjour,

Le 6 octobre dernier, l’Assemblée Nationale a adopté un projet de loi portant sur la mise en place d’« un montant minimal de tarification » pour le service de livraison du livre. Comme vous le savez, chez Menu Fretin, nous ne facturons pas les frais de port pour les ventes effectuées sur notre site internet. C’est un choix réfléchi et revendiqué auquel nous sommes très attachés.

Offrir les frais de port (en courrier ou en colissimo) a certes un coût mais ce dernier reste modéré et cela nous permet de vous connaître et de vous faire parvenir, de temps à autres, des nouvelles de nos productions éditoriales, en espérant vous voir acheter un ou plusieurs autres livres. 😉

Mais le syndicat de la librairie a mené la bataille auprès des sénateurs et des députés pour imposer un montant forfaitaire sur la vente en ligne, en visant particulièrement Amazon. Ceci sans penser aux conséquence éventuelles pour les petits éditeurs qui pratiquent la vente directe et ont choisi de ne pas facturer les frais de port.

Je dois avouer que cette histoire m’énerve un peu. En effet, la loi sur le prix unique du livre (qui date de 1981) visait à permettre à chacun, où qu’il habite sur le territoire, de pouvoir acheter ses livres au même tarif. Ce qui ne sera plus possible aujourd’hui si, comme moi, vous habitez en zone rurale à plus de 25 kilomètres de la première librairie et que votre choix se fera entre des frais de port ou de carburant…

Mais un autre point me dérange plus encore. La loi oblige l’éditeur à fixer un prix pour son livre et à l’indiquer sur la couverture. Ce qui est une bonne chose. Mais dorénavant, si nous restons obligés de fixer le prix de ventes de nos livres, nous nous voyons interdire de les vendre à ce prix puisque nous sommes obligés de facturer à nos clients-lecteurs des frais de port supplémentaires. 

Face à cette nouvelle loi, nous avons voulu savoir si cela risquait d’avoir une incidence sur la manière dont vous achetez nos livres, si vous allez continuer à le faire sur notre site ou pas. Merci donc de prendre deux minutes pour répondre à un petit questionnaire.

Une recette d’automne

Cette histoire de frais de port m’ayant un peu démoralisé, je me suis dit que manger une croustade aux pommes me ferait du bien. C’est un dessert que j’aimais manger il y a maintenant un certain temps dans un restaurant aujourd’hui disparu qui s’appelait Le Ruban bleu, rue d’Argenteuil à Paris (cet article du Monde évoque cette adresse cachée). On trouve la recette dans Les Desserts de Claire page 57.

La croustade aux pommes

Ingrédients pour 4 personnes : 
1 pâte feuilletée, 4 pommes, 50 g de sucre, 50 g de poudre d’amandes, 20 g de beurre

Préparez votre pâte feuilletée (vous trouverez la technique d’Olivier Nasti ici, et celle de Cédrix Denaux en vidéo ici). Étalez-la en cercle de 15 à 18 centimètres pour faire des croustades individuelles. Réservez au frais pendant 20 minutes. Pelez les pommes et coupez-les en lamelles. Mélangez les amandes en poudre et le sucre puis ajoutez les lamelles de pommes en continuant à mélanger délicatement. Répartissez au centre des fonds de pâte feuilletée puis rabattez la pâte sur les pommes. Parsemez de quelques noisettes de beurre. Cuisez à 180 °C pendant 15 à 20 minutes.

Conseil : Vous pouvez évidemment remplacer les pommes par d’autres fruits, selon vos goûts. Si vous utilisez des prunes, des cerises ou des abricots, mettez un peu plus de poudre d’amandes pour absorber le jus qui sera plus important.

La preuve par l’œuf

On parle souvent d’agriculture urbaine sans trop savoir ce que cela peut représenter en terme de quantité à produire et en surface nécessaire à cette production pour nourrir la population de la ville. Lors de la parution de 250 manière pour apprêter les œufs, je me suis livré à un petit calcul que je vous livre ici.

Imaginons que l’on veuille produire dans Paris intra-muros les œufs nécessaires à la consommation des 2,175 millions de parisiens. Sachant qu’un Français (et donc un parisien) consomme 218 œufs par an (dont 39 % sous forme d’ovoproduits) ce qui correspond peu ou prou à la production annuelle d’une poule pondeuse. Pour simplifier notre calcul nous allons donc partir sur la nécessité d’avoir une poule par habitant dans Paris intra-muros.

Comme le parisien est sensible au bien-être animal, nous allons partir du postulat que l’élevage est un élevage comprenant un parcours extérieur (4 m² par poule selon la réglementation en plus de la surface du bâtiment avec 9 poules au m²).

Cela signifie donc que pour produire sur place les œufs nécessaires aux parisiens, il faut compter 2,4 hectares de bâtiments (2 175 000 / 9 / 10 000) + 870 hectares 
(2 175 000 * 4 / 10 000) de prés pour que les poules puissent se dégourdir les pattes. Cela représente un peu plus de 8 % de la surface de la capitale (10 540 ha), soit plus que les 5 premiers arrondissements ou que le XVe arrondissement (le plus grand de Paris).

Voilà, ce petit calcul juste pour démontrer qu’il faut toujours mettre des chiffres et des faits devant des déclarations et que l’agriculture urbaine est un utopie certes sympathique mais illusoire à moins de pouvoir se contenter de moins d’un œuf par jour et par personne…

Un exquis mot

La définition de cette semaine est extraite du Dictionnaire universel de cuisine pratique (1905) de Joseph Favre. Nous l’avons publiée dans le cinquième numéro d’Agueusie (toujours disponible en téléchargement).

Pain sans mie
subst. masc.
Avec de la farine de gruau et du gluten, un boulanger parisien, pour combler une lacune regrettable dans l’alimentation hygiénique, a créé un pain remarquable par sa forme et ses propriétés. Il représente une croûte soufflée dont l’intérieur vide est complètement dépourvu de mie. La figure ci-dessus en est la reproduction exacte. Hygiène. — L’usage de ce pain est tout indiqué dans les cas de dyspepsie, de diabète et d’obésité. Par sa composition spéciale, il renferme une quantité beaucoup plus grande de principes azotés que le pain ordinaire et se digère plus facilement tout en nourrissant davantage ; il remplit donc les meilleures conditions pour le régime alimentaire des personnes atteintes de dyspepsie, d’obésité et de diabète.

Des nouvelles des petits fretins

Le septième numéro de Cérès est actuellement chez notre imprimeur (Chauveau à Chartres), tout comme les Éloges du service en salle, notre prochaine nouveauté à paraître le 28 octobre et déjà en précommande sur notre site

Le samedi 23 octobre, vous pourrez écouter une émission entièrement consacrée à Édouard de Pomiane sur RFI. L’émission s’appelle Le goût du monde et est imaginé et animé par Clémence Denavit. 

D’ici là vous pouvez écouter les prochains épisodes de Radio Cuisine – podcast qui donne à réentendre les chroniques radiophoniques qu’Édouard de Pomiane présentait sur Radio Paris entre 1923 et 1929. Il y sera question d’artichauts (demain) et de côtelettes de chevreuil, purée Ali-Bab (vendredi 22 octobre à 20 h).

Et pour finir, une petite citation de Montesquieu tirée De L’esprit des lois (puissent les lois avoir de l’esprit) :

 “C’est la concurrence qui met un prix juste aux marchandises et qui établit les vrais rapports entre elles.”

 

Voilà, c’est tout pour cette fois.

À la revoyure !

 

Laurent, poisson-rouge (de colère) chez Menu Fretin

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