Description
L’agneau AOP Prés-Salés du Mont-Saint-Michel, un chef-d’œuvre en péril est un supplément gratuit d’Agueusie N° 5 publié par Menu Fretin avec le soutien de la Région Normandie, disponible en PDF à télécharger gratuitement.
L’agneau de Prés-Salés fait partie de notre patrimoine culturel et alimentaire. Il est le résultat – rare – d’une symbiose parfaite entre l’homme et la nature. Le pâturage sur des herbus que la mer recouvre à intervalles réguliers n’est possible que dans quelques lieux de l’Hexagone. La baie du Mont-Saint-Michel et les havres du Cotentin en font partie. L’agneau de Prés-Salés du Mont-Saint-Michel est un trésor culinaire connu des gourmets depuis des siècles. C’est également une forme d’élevage exigeante que seule aujourd’hui une poignée d’éleveurs passionnés continue à préserver.
L’agneau de Prés-Salés du Mont-Saint-Michel est depuis 2009 protégé par une AOC et depuis 2012 par une AOP, fruit de 18 ans d’échanges et de travail avec l’INAO. Aujourd’hui cette AOP – seule appellation viande de Normandie – est menacée par certains éleveurs qui ne sont pas contraints au respect d’un cahier des charges ni à des contrôles de la part d’organismes indépendants mais qui, pourtant, bénéficient de l’image de l’AOP pour vendre leurs produits. Pour pouvoir prétendre à l’appellation « Prés-Salés du Mont-Saint-Michel », les bêtes doivent être issues de lignées certifiées, avoir un certain âge, avoir été nourries d’une certaine manière mais surtout avoir passé un temps important sur les herbus – terrain hostile qui donne à leur chair ce goût si particulier.
Dans le département de la Manche, l’accès au domaine maritime (les herbus) n’est pas réservé aux seuls éleveurs de l’AOP comme c’est le cas dans la baie du Mont-Saint-Michel côté Bretagne. Cela entraîne une confusion pour le consommateur qui croit manger du véritable « Prés-Salés du Mont-Saint-Michel » alors que lui est vendu un agneau dont la méthode de production n’est pas aussi stricte que dans l’appellation. La réglementation doit sans doute évoluer pour – dans la Manche comme dans les autres départements – mettre tous les éleveurs sur un pied d’égalité et permettre au consommateur de déguster un « Prés-Salés » élevé dans les règles de l’art.
Si rien n’est fait pour promouvoir et protéger l’AOP, les neuf éleveurs qui continuent aujourd’hui à produire du véritable « Prés-Salés du Mont-Saint-Michel » risquent de disparaître emportés par la marée.